Un autre jour et un autre article d’opinion sur la façon dont le véganisme ne sauvera pas le monde. Celui-ci provient d’un agriculteur régénérateur :
Si vous voulez sauver le monde, le véganisme n’est pas la réponse
Les critiques de la production végétale industrialisée sont valables, étant donné que ces méthodes causent des dommages importants à l’environnement, mais l’auteur limite délibérément la portée de l’argument pour soutenir sa propre opinion. Ils ignorent aussi commodément les acres de terre consommés par les cultures destinées à nourrir le bétail.
Retourner la production alimentaire à des polycultures localisées est sans doute le modèle le plus respectueux de la terre et les animaux doivent effectivement faire partie de tout système de production alimentaire. Il n’existe pas de système véritablement exempt d’animaux. La nature ne sépare pas les plantes des animaux. Les écosystèmes sains sont un tout intégré (vers, abeilles, vie du sol, oiseaux pour le phosphore etc etc).
Il faudrait considérer différentes géologies et climats pour décider si les protéines animales sont la forme de production alimentaire la plus efficace sur le plan énergétique dans une circonstance donnée.
Il faudrait prendre en compte les différents intrants. L’animal a-t-il eu besoin d’une alimentation complémentaire avec des cultures qui auraient pu être données directement aux humains ? L’animal a-t-il eu besoin de médicaments ou de traitements ? Quelle autre énergie a été nécessaire pour l’élever et le soigner ? Comparez cela aux cultures vivrières qui ont pu nécessiter une irrigation, des filets ou d’autres formes de lutte biologique contre les parasites, d’amélioration des sols et de fertilisation. Ces équations ne sont pas simples. Ajoutez maintenant les résultats. Quel est l’impact du méthane rejeté par le bétail sur l’environnement ? Comment les années successives de culture d’arbres pérennes se compareront-elles aux années successives de culture d’annuelles ?
Les débats sur les végétaliens contre les omnivores sont généralement simplifiés à l’extrême, généralement à l’avantage de la personne qui présente l’argument.
Si nous voulons défendre la consommation de viande sur des bases régénératrices, nous devrons faire mieux. Il faudra notamment comparer ce qui est comparable à ce qui est comparable. Comment un système régénérateur qui inclut la consommation de viande se compare-t-il à un système régénérateur qui ne le fait pas ? Quels sont les impacts relatifs sur la planète (et les rendements relatifs) de chaque modèle ? C’est l’article que j’aimerais voir.
Je pense également que nous devons aborder les arguments intéressants avancés par Matthew Evans :
Vous voulez un régime alimentaire éthique ? Ce n’est pas aussi simple que de devenir végétalien.
Les arguments sur le véganisme valent la peine d’être tenus. Dans le contexte du changement climatique, nous ne pouvons pas ignorer le fait que l’un des plus grands moteurs de la déforestation dans le monde est le défrichage pour le bétail. Mais nous devons nous éloigner de la fausse dichotomie entre végétaliens et omnivores. Nous posons les mauvaises questions.
Il vaudrait mieux demander « Comment pouvons-nous créer des systèmes de production alimentaire qui répondent au mieux aux besoins humains tout en augmentant la santé écologique ? » Les réponses à cette question varieront d’un endroit à l’autre. Les systèmes de production alimentaire de Tahiti ne seront pas les mêmes que ceux de l’Australie. Formuler le débat de cette manière nous invite à considérer l’ensemble du système, y compris l’impact du transport, de l’emballage et de la gestion des déchets. En Australie, il pourrait bien y avoir un argument écologique pour inclure une sorte de protéine de viande dans ce régime.
Voici un article du site des Nations unies sur la production alimentaire, la survie humaine et l’impact planétaire. Il offre davantage une perspective systémique sur la question : Augmenter la diversité alimentaire, cultiver ce qui pousse de manière indigène, manger moins de viande (ou pas du tout).
Cet article est le territoire vers lequel notre débat sur l’alimentation doit se diriger. C’est une réponse holistique à un problème global et va au-delà des mangeurs de viande qui tentent de justifier leur régime alimentaire.
Justifier la consommation de viande sur des bases écologiques pour un contexte particulier ne convaincra en aucun cas les végétaliens de manger de la viande. Leurs objections à la consommation d’animaux sont morales et les avantages environnementaux de leurs choix sont un sous-produit. Leur demander s’ils sauvent ou non la planète, c’est passer à côté de l’essentiel.