par Elio et Roberto
Fig.1. Gram Google Doodle. Source
En 2013, un article sur la coloration de Gram* est paru dans ces pages. Il célébrait la persistance de ce procédé en microbiologie, ainsi que ses origines. Aux débuts de la bactériologie, la coloration était une technique clé, au début encore plus importante que la culture. Elle dépendait de la capacité à différencier au microscope les bactéries des composants tissulaires. L’une des façons d’y parvenir consiste à décolorer le tissu en le traitant avec de l’acide pour les bactéries « acido-rapides », ou avec de l’alcool pour la coloration de Gram. L’inventeur de cette dernière méthode de coloration, Gram, a également découvert que le traitement avec une solution d’iode rendait certaines bactéries (les Gram positifs) plus résistantes à la décoloration que d’autres (les Gram négatifs). La différence entre les deux dépend des propriétés de leur paroi cellulaire, qui est épaisse chez les Gram positifs, fine chez les Gram négatifs. La division en deux grands groupes de bactéries, bien qu’immensément utile, n’est pas toujours parfaite, car certaines bactéries qui entrent dans un groupe par la coloration de Gram ont des attributs clairs de l’autre (voir l’article précédent).
Figure 2. Pierre tombale de Hans Christian Gram. (Source : Roberto Kolter)
La capacité de placer les bactéries via la coloration de Gram dans l’une des deux catégories est d’une importance capitale pour le diagnostic en médecine clinique ainsi que pour la taxonomie en général. Alors, qui était Gram ? L’inventeur de la méthode de coloration qui porte son nom, Hans Christian Gram, est né à Copenhague le 13 septembre 1853. Il n’est pas étonnant que le 166e anniversaire de sa naissance ait été célébré la semaine dernière par un « Google Doodle », tant sa contribution aux premières avancées de la bactériologie était importante. Après avoir étudié la médecine à l’université de Copenhague, Gram a beaucoup voyagé en Europe et s’est installé à Berlin, dans le laboratoire de Carl Friedländer. Gram est un homme modeste, et dans sa première publication on peut lire : « J’ai donc publié la méthode, même si je suis conscient qu’elle est encore très défectueuse et imparfaite ; mais j’espère qu’entre les mains d’autres chercheurs, elle se révélera utile. » Après avoir inventé en 1884 la procédure de coloration qui a fait date, Gram retourne à l’université de Copenhague en 1891 et y occupe une chaire jusqu’à sa retraite en 1923. Il meurt à Copenhague en 1938. Avec un peu d’aide de son arrière-petite-fille Lone Gram, elle-même microbiologiste accomplie, il est facile de se promener dans le magnifique Assistens Kirkegård (cimetière) et de localiser la tombe de Gram, marquée par une simple pierre gravée au milieu d’une végétation luxuriante. Un souvenir approprié de ce microbiologiste modeste mais très influent.
(*Comme il y a eu récemment une discussion sur quand et où utiliser la majuscule ou la minuscule G pour épeler Gram, nous notons qu’ici, à la STC, nous utiliserons toujours la majuscule lorsque l’origine du mot remonte au nom de famille d’une personne. C’est une petite façon de continuer à « honorer les héros qui nous ont rendu la vie tellement plus facile » pour citer notre ami et collègue Gilles van Wezel.)