Les antagonistes organiques du Ca2+ sont de puissants inhibiteurs de l’influx de Ca2+ dans les muscles cardiaques et lisses et sont largement utilisés en clinique dans le traitement de divers troubles cardiovasculaires. Il semble que la liaison de l’antagoniste Ca2+ empêche le mouvement normal des ions à travers les canaux Ca2+, peut-être par un mécanisme de blocage des canaux ouverts. Bien que ce concept soit généralement accepté, des questions subsistent quant à la relation détaillée entre la liaison et le blocage dans le cas des bloqueurs organiques des canaux Ca2+ de structure diverse ; par exemple, (1) se lient-ils préférentiellement aux canaux ouverts, fermés et/ou inactivés ; (2) y a-t-il plusieurs sites de liaison ; (3) agissent-ils sur des sites extracellulaires et/ou intracellulaires ; et (4) le blocage ou le déblocage dépend-il du potentiel de la membrane ou de son histoire ? L’antagoniste dihydropyridine Ca2+, la nifédipine, contient une partie o-nitrobenzyle et est photolabile ; l’irradiation donne une molécule dépourvue d’activité de blocage du canal et les réactions de photoconversion sont complètes en 100 microsecondes. Profitant de ces propriétés pour étudier les détails mécanistiques du blocage des canaux Ca2+ par la nifédipine, nous avons examiné la forme d’onde du courant Ca2+ lent entrant (Isi) dans les fibres auriculaires avant et après la suppression de la nifédipine par flash. Après les flashs, nous avons constaté que le blocage par la nifédipine est inversé en quelques millisecondes tout au plus et que la vitesse de réactivation de Isi est parallèle à la vitesse d’activation normale, dépendante du voltage. Nos résultats impliquent que la nifédipine se lie à des canaux Ca2+ fermés et au repos et les stabilise. Ils ne sont pas en accord avec les récentes conclusions de Morad et de ses collègues selon lesquelles la photoconversion de la nifédipine doit être suivie d’une repolarisation de la membrane pour que l’Isi et la tension se rétablissent (résumé tronqué à 250 mots).