Il y a une énorme différence entre être brillant et être sage, entre la brillance et la sagesse. Nous pouvons être très intelligents, mais pas très sages. Idéalement, bien sûr, nous devrions nous efforcer d’être les deux, mais ce n’est pas toujours le cas, surtout aujourd’hui.

Nous vivons dans une culture qui récompense la brillance plutôt que la sagesse et au sein de laquelle nous nous enorgueillissons avant tout d’être plus brillants les uns que les autres. Qui a le plus haut diplôme ? Qui a fréquenté l’université la plus huppée ? Qui est le plus entreprenant ? Qui est le plus populaire ? Qui est le scientifique, le chercheur, l’écrivain, le journaliste, la personnalité de la télévision ou l’esprit le plus intelligent au bureau ou à la table familiale ? Qui est le plus brillant ? Nous ne demandons jamais « Qui est le plus sage ? ». Aujourd’hui, l’intelligence est valorisée bien plus que la sagesse, et ce n’est pas toujours bon. Nous sommes un peuple très informé et intelligent, mais notre compassion est loin d’être à la hauteur de notre brillance. Nous sommes brillants, mais pas sages.

Quelle est la différence entre l’intelligence et la sagesse ? La sagesse est une intelligence qui est colorée par la compréhension (qui, analysée à sa racine, signifie infusée d’empathie). En fin de compte, ce qui fait la sagesse est une intelligence informée par l’empathie, une intelligence qui saisit avec sympathie la complexité des autres et du monde, et cela a des implications.

L’apprentissage, pour être vraiment utile, doit être assorti d’une croissance égale de l’empathie. Lorsque cela ne se produit pas, alors la croissance de l’intelligence sera invariablement unilatérale et, tout en apportant peut-être quelque chose à la communauté, il manquera toujours le type de compréhension qui peut aider à lier la communauté et nous aider à mieux nous comprendre nous-mêmes et notre monde.

Lorsque l’intelligence n’est pas informée par l’empathie, ce qu’elle produit ne contribuera généralement pas au bien commun. Sans une empathie concomitante, l’intelligence devient invariablement arrogante et condescendante.

Le véritable apprentissage, en revanche, est humble, effacé et empathique. Lorsque nous nous développons intellectuellement, sans suffisamment d’empathie, nos talents deviennent invariablement des causes d’envie plutôt que des dons pour la communauté.

Ironiquement, à la fin de la journée, l’intelligence qui n’est pas suffisamment informée par l’empathie ne sera pas très brillante, mais plutôt une intelligence arrêtée dans laquelle sa faute ne sera pas dans ce qu’elle a appris (car l’apprentissage lui-même est bon) mais dans l’endroit où son apprentissage s’est arrêté.

Elle souffrira d’un danger bien nommé par le poète anglais du 18ème siècle Alexander Pope, où « un peu d’apprentissage est une chose dangereuse », où nous avons lu un livre de trop mais un livre de trop peu !

On pourrait objecter ici et faire un plaidoyer pour la science et l’objectivité scientifique. La science empirique n’est-elle pas le produit d’une pure recherche intellectuelle qui refuse d’être colorée par quoi que ce soit d’extérieur à elle-même ? L’idéal de tout apprentissage n’est-il pas d’être purement objectif, de n’avoir aucun préjugé d’aucune sorte ? Où l’empathie joue-t-elle un rôle dans la recherche pure ? Un œil tourné vers l’empathie ne vient-il pas brouiller l’objectivité pure ?

L’objectivité pure n’existe pas, en science ou ailleurs. La science accepte aujourd’hui qu’elle ne peut jamais être purement objective. Toute mesure a son propre agenda, son propre angle, et ne peut s’empêcher d’interférer (même infiniment peut-être) avec ce qu’elle mesure.

Tout et n’importe quoi, y compris la science, a un parti pris (euphémisme, une préontologie). Ainsi, puisque tout apprentissage commence nécessairement par un angle, un biais, une pré-ontologie, la question n’est pas « Comment puis-je être purement objectif ? » mais plutôt « Qu’est-ce qui nous sert le mieux comme angle d’apprentissage ? » La réponse est l’empathie. L’empathie transforme l’intelligence en sagesse et la sagesse transforme l’apprentissage en quelque chose qui sert plus correctement la communauté.

Cependant, l’empathie ne doit pas être confondue avec la sentimentalité ou la naïveté, comme c’est parfois le cas. La sentimentalité et la naïveté voient une faille dans l’intellectualité elle-même, considérant l’apprentissage lui-même comme le problème. Mais l’apprentissage n’est jamais le problème. C’est l’apprentissage unilatéral qui est le problème, à savoir l’apprentissage qui n’est pas suffisamment informé par l’empathie, qui cherche à connaître sans comprendre.

J’enseigne à des étudiants diplômés qui se préparent principalement à exercer un ministère au sein de leur église et donc, pour eux, l’apprentissage diplômé est, par définition, censé être plus que le fait d’obtenir des notes élevées, d’être diplômé avec honneur, d’être informé et éduqué, ou même de simplement satisfaire leurs propres curiosités et questions intellectuelles.

De par leur vocation même, ils aspirent à la sagesse plus qu’à la simple intelligence. Mais même eux, comme la plupart des gens dans notre culture, luttent pour ne pas être unilatéraux dans leur apprentissage, pour que leurs études leur apportent autant de compassion que de connaissances. Nous luttons tous contre cela.

Il est difficile de résister à une tentation qui est aussi endémique dans notre culture que certaines bactéries le sont dans nos eaux, c’est-à-dire la tentation d’être intelligent et brillant, plus informé que tout le monde, peu importe si nous ne sommes pas des personnes très compatissantes par la suite.

Et donc cette chronique est un plaidoyer, pas une critique : À nous tous, que nous fassions des études formelles ; que nous essayions d’apprendre les dernières technologies de l’information ; que nous essayions de nous tenir informés socialement et politiquement ; que nous écrivions des articles, des livres ou des blogs ; que nous suivions une formation pour un emploi ; ou que nous rassemblions simplement de la matière pour une dispute à la table familiale ou au travail, rappelez-vous : il n’est pas bon simplement d’être intelligent, nous devons aussi être compatissants.

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